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| Le journal de bord... |
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Départ | Veille | 24 Avril 2003 |  Lendemain | Arrivée |
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| Écoutez le journal audio (le son original de la traversée !) : |
| Journal écrit : Au lever de soleil, on marche vers cinq nœuds. On met les voiles en ciseau et on on reprend le cap à l'Ouest. Mais le vent recommence à mollir. Le vent à l'air de revenir un peu au nord. Cette nuit, on a bien dormi, mais vraiment, il nous tarde que cela finisse. C'est interminable cette solitude. L'Océan est un gigantesque désert, on n'a jamais vu un bateau ni un avion dans le ciel depuis au moins quinze jours. On en a marre. On ne pense même plus à des programmes de navigation. On a notre compte... Mais on a toujours envie de dessiner et de construire un autre bateu. Mais pourquoi faire? Pendant la journée qui est torride, on a de plus en plus soif. Le soleil n'est jamais agréable comme sur notre plage de Contis, où on va faire un plouf ou du surf. On n'est d'ailleurs pas bien bronzés, sauf la gueule. Maintenant, on a du mal à imaginer l'émotion de notre arrivée — où et quand?—On est las, et fatalistes. Sans boussole, par petit temps et au portant, barrer est très difficile: les voiles masquent toute une partie du ciel devant, et avec les étoiles de côté, c'est beaucoup moins précis. On est dans une galère terrible. Mais nous allons réussir quelque chose que personne n'a jamais fait, on sera sûrement très fiers après. Mais le faire une fois suffit. Même sur un bon bateau, nous ne le referons jamais: nos livres nous manquent affreusement mais il fallait ne pas en prendre. C'est ce qu'on fait. Cela fait deux jours qu'on ne mouille pas l'intérieur de la coque, mais on aimerait bien que le vent de NE se lève quand même pour en finir plus vite (du vent mais pas de nuages bien sûr). Pour une fois, on a vu le lever de soleil. Il fait très beau avec quelques nuages... On a beaucoup de mal à accrocher l'Ouest dans le vent E-SE très léger. Midi passe, torride. On a beau s'asperger d'eau, il fait très chaud. Max dégrée un tangon de bambou pour relever le filet de quelques centimètres. On aurait si facilement pu le faire chez nos amis les charpentiers de Lanzarote ! Max mesure l'eau à 26°C avec le bon thermomètre dans un bol. On n'a pas faim. Rien mangé depuis hier, seulement bu du lait. On a surtout soif. On craint horriblement de rater les îles, passer entre deux sans les voir et de manquer d'eau... On met finalement le ""pilote automatique"" , ça n'avance pas trop mal vers le soleil... peut-être 3 nds? J'ai de gros problèmes de peau avec mes champignons. On est couvert de crasse, quel bonheur la prochaine douche ou un bain véritable. Depuis une quinzaine, on se met de l'huile dans les cheveux, c'est mieux de ne pas les avoir trop propres, ils volent trop et sont difficiles à peigner. Mer E-SE, force 2, presque glassy. Max a un moral inaltérable: ""tout va bien, on y verra plus clair la semaine prochaine!"" On estime mettre au moins 30 jours maintenant, il faudrait que le vent revienne, il ferait plus frais et on arriverait plus vite. Mais on pense que dimanche, on regardera un peu plus l'horizon! On pêche, mais rien ne vient. Mais avec cette vitesse ridicule, il n'est pas étonnant qu'on ne pêche rien! Cette nuit toujours la même obsession, ""voir la Croix du Sud et la Mouche, absolument!"" |
| La route du jour : |
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| Journal audio (transcription) : |
| Plage 5 Max : Jeudi 24. On a passé la nuit bien tranquillement avec notre fameuse barre bloquée… en faisant un cap estimé de sud… ouest sud-ouest… pour aller un petit peu vers le sud voilà… et faire monter nos étoiles de la Mouche… un petit peu plus haut… on aimerait bien découvrir un peu plus ce secteur… Alors au cours de la nuit on a vu euh… en fait oui, on a vu notre sacrée Mouche… les étoiles supérieures en tout cas… Mais alors, comble de frustration, ce soir… là… l’horizon était totalement vague… impossible de discerner l’horizon donc… c’était une zone grise… impossible de voir la hauteur ! Par contre, j’ai cru discerner les étoiles inférieures qui sont beaucoup plus basses… c’est très proche de l’horizon normalement… euh, c’est bon signe hein… Mais à quelle hauteur ? C’était impossible de le savoir ! A quelle hauteur sur l’horizon ? C’est drôlement frustrant ça ! Parce qu’il faut se dire aussi… que l’horizon, c’est un horizon euh… qui n’est que éclairé par les étoiles… Donc c’est très très sombre… On ne voit pas bien hein ! Mais d’habitude, il était un peu plus net que ça… Là, il était gris, uniforme et indéfinissable… Alors maintenant on est en début de matinée… et on fait route autant que possible vers l’ouest… euh… à une vitesse de disons… 4, 5, 6 nœuds… Voilà !… Il y a pas beaucoup de vent, toujours pas beaucoup de vent… la chaleur commence à monter… oppressante, oppressante ! Evidemment, quand on est au vent portant, à bord, il fait chaud ! Et il faudra qu’on aille s’hydrater… Je ne sais pas… Ce matin un a bu un lait en poudre… avec de l’eau, et il va falloir qu’on aille se baigner bientôt… La chaleur, c’est terrible ! Cette chaleur, elle est très oppressante. Alors, un autre problème… on se dit, bon… On s’est donné, fixé comme délai, 30 jours ! De voyage, environ… Donc nous sommes le 24, il resterai donc à partir de demain… 6 jours à faire… une petite semaine !… Mais tout ça est purement théorique ! Est-ce qu’on a du retard sur notre programme ? Est-ce qu’on a de l’avance ? Je n’en sait rien ! Il faut dire que la terre prochaine n’est même pas stimulante ! Elle est loin, tout court ! Man : Un oiseau ! Un oiseau Max ! Max : Un oiseau ? Attend ! Je peut le filmer ? Attend un instant… Man : Il est comment celui-là ? Max : Attend ! Man : Ecoute, il est différent ! Max : Oui ? Attend, je vais voir… Il est différent ? Man : Oui ! Regarde ça… Max : (il rigole) Je suis obligé d’arrêter d’enregistrer… parce que là, j’ai sauté sur la vidéo… pour enregistrer des images de cet oiseau… différent ! Oui, depuis qu’on est en pleine mer… ça fait maintenant 24 jours…en pleine mer… on n’a vu que deux espèces d’oiseau en gros… Des petits oiseaux plutôt ramassés qui survolent les flots très très bas, et ils ont très agiles… Et puis une espèce d’oiseau blanchâtre, à longue queue… qui vint périodiquement nous voir euh… On n’a pas réussi à le filmer… il est tellement aléatoire ! Et bon, voir ce nouvel oiseau euh… c’est agréable parce que… Est-ce que c’est un vrai oiseau de mer ? Ou c’est un oiseau de terre. On ne sait pas ! ça pourrait indiquer un changement… de programme… ça fait toujours rêver le navigateur ! De voir un oiseau… Man : Il aurait fallu évidemment qu’on étudie les oiseaux avant ! (Il rigole) Max : Ouais… Man : Mais bon, il faut le voir sur le tas ! Max : Personne n’est parfait… Malheureusement, on ne s’y connaît pas en oiseaux ! Seulement les oiseaux qu’on verra dans les îles… Les grands… comment ça s’appelle les grands… Man : Les frégates ! Max : Les grandes frégates ! Là on les reconnaîtra, c’est vraiment… Man : Les frégates… Là on ne sera pas loin ! Max : Elles sont tellement particulières… on saura qu’on n’est pas loin mais… est-ce qu’on verra les îles en même temps ? Plage 7 Man : (voix basse très calme et dépressive) Oui, pfff… Ce procédé de navigation… qu’on a cherché, fantasmé, etc… en fait, est particulièrement difficile puisque, même en arrivant… là par exemple, on sait qu’on arrive, on a passé 24 jours… donc avec notre prévisionnel de 30 jours euh… (il rigole)… Normalement on n’est pas loin de l’arrivée… Mais alors, ce qui est très différent dans une navigation normale… c’est qu’il y a navigation… C’est à dire qu’il instruments… Il y a le temps, il y a la distance, la position qu’on connaît… Et alors on calcule la distance d’arrivée… par exemple la distance qu’on parcourt dans les dernières heures… C’est motivant ! On dit, allez, on a peiné, mais bon, on marche bien… etc… Alors que nous, on n’a rien du tout ! Rien du tout ! On ne sait pas combien de jours… on est peut-être à 3 jours ?… Je ne sais pas ! Trois jours, on aurait plus la pêche ! (il rigole jaune) Mais ça peut être aussi 13 jours ! Je ne sais pas ! Alors ça, c’est assez démoralisant ! Vraiment ! Quasiment, on ne regarde même pas l’horizon… On sait qu’un jour, ça nous tombera dessus… Mais il ne faut pas qu’on s’énerve à regarder l’horizon…! Parce que l’horizon est quasiment inespéré ! A part cet oiseau différent… qu’on a vu euh… on espère en voir d’autres… Mais bientôt parce que… (Il hausse le ton à Max…) « Les algues, c’était quand Max ? » Max : Je ne sais pas. Il y a 3 jours… Man : Oui, des algues, on avait vu des algues… et puis cet oiseau différent… (il rigole) C’est pas mal ! ça peut faire espérer… Mais alors quoi ? Dans combien de temps ? Alors c’est dur… Vraiment ! Alors on se demande… oui, évidemment, nous, nous on souffre ! On peine à bord… Surtout de c’est… c’est l’inconfort extraordinaire de notre engin quoi… parce que on n’est bien nulle part finalement… A la barre on n’est pas bien ! Parce qu’on est assit à califourchon sur un bout de mousse… ça, ça fait 24 jours qu’on est dans la même position, assis en tailleur là… avec les jambes inutiles… On a mal au fesses quoi… Mal aux fesses ! Et puis alors dans l’habitacle… c’est pas terrible non plus ! L’habitacle, l’habitacle ! En fait, c’est un cockpit euh… Même pas auto-videur parce que… il faut pomper pour retire l’eau… et puis c’est là dedans qu’on se couche ! La couchette fait… pour vous dire, c’est un trapèze qui fait… disons 1m80 de long… sur euh… 60 cm de large, et 30 à la petite largeur ! ça ne fait pas beaucoup ! Et puis quand on est entassé là dedans, quand on dort tous les deux…! Evidemment, la coque est un peu plus large, un peu plus ronde mais… la surface plane, c’est ça… c’est ce trapèze, là… C’est pas très confortable ! Et puis la grande particularité, c’est que… jamais on a de temps de repos… Parce qu’on est toujours tous les deux sous pression… Celui qui est en bas, sur la couchette s’il y est… est en fait en stand-by de travail… C’est à dire pour un changement de voile… Comme rien n’est automatique… c’est gréements anciens sont tellement jolis… tellement jolis… Mais c’était fait pour avoir du monde à bord… ce genre de truc ! Les gréements anciens… Alors que là, ce n’est pas adapté à ce type d’embarcation…Il nous aurait fallut un gréement très moderne, avec presque rien à faire quoi… Bon ben, de toute façon… (il rigole) il fallait qu’on ait l’esthétique… de l’ancien… ça, on le voulait absolument ! Oui ! On l’a ! Alors on en bave dur, mais quand on aura réussi, on sera fier ! Fier comme tout évidemment ! Voilà ! (voix rageuse) J’espère bien qu’on ne va pas mettre 30 jours ! On est le 24 euh… Encore 6 jours, 6 jours euh… ça serait bien qu’on arrive euh… vers dimanche prochain quoi ! ça serait sympa ça ! Et puis poser l’ancre ! Oui, puisqu’on a une ancre à bord ! Parce que tous les engins de record n’ont aucune ancre etc… ! ! ! Puisqu’ils sont reçus par des comités d’accueil, des comités de course etc… et nous, sans carte, il faudra qu’on cherche un port… un mouillage… qu’on gonfle nos annexes… Parce qu’on a des annexes à bord… ça pèse très très lourd, c’est pour ça qu’on ne va pas très vite… Bah… Si on a de la chance, on trouvera une marina qui nous accueillera, je ne sais pas, ou nous invitera… et puis on ira boire une bière fraîche… parce que… et donner quelques coups de fil… On sera heureux ! Vraiment heureux de revenir de très très loin ! Plage 8 Man : Toujours euh… jeudi 24. Dans l’après-midi… Toute la matinée, on a marché à basse vitesse, on a beaucoup de mal à faire de l’ouest… parce que le vent est très léger, d’est-sud-est… et ça nous tue le vent… On faisait un peu de sud quand même… pour augmenter le vent… difficile pour le gréement, ça ne marche pas bien… Et vers midi, chaleur absolument torride, torride ! Donc on s’asperge d’eau… Mais enfin bon, le… l’aspersion, ça paraît agréable… Max a mesuré l’eau à 26°… Même plus… Alors c’est bien agréable, quand il fait chaud mais… ça ne nous refroidi jamais comme un vrai bain quoi ! Et puis en plus, le fait d’être mouillé, ça… si on se rhabille, on a les fesses mouillées alors chaque fois qu’on s’assoit au poste de barre… avec les fesses mouillées sur le poste de barre, ça nous bouffe les fesses, alors c’est dur ! Alors en début d’après-midi, Max a pris la barre euh… pour continuer tant bien que mal… et puis finalement, il y en avait marre ! Alors on a mis pilote automatique… comme Max fait. Un drôle de réglage de gréement !… La grand-voile est à 90°… bordée assez plat en fait… mais complètement maintenue par le tangon… et la misaine est un peu lâche, un peu bordée quand même…plutôt comme un foc… et la barre est fixée au milieu… et on arrive à peu près à dériver avec le vent, à peu près dans la direction du soleil… un peu plus nord que l’ouest… je pense… Ben c’est pas si mal ! Parce qu’on ne va qu’à maximum 3 nœuds, on ne peut pas aller très loin comme ça ! Voilà ! Pfff… Max, tu as un truc à dire ? Max : Non ! Man : Max n’a absolument rien à dire ! Donc voilà ! On va bientôt arriver… En héros évidemment ! Et ça va faire plaisir ! L’île à l’horizon… Plage 9 (bruit du bateau qui marche à nouveau…) Max : Nuit du jeudi 24 . Là, on est en train de regarder les étoiles… Et on regarde les étoiles de la Mouche ! Elles semblent pratiquement bien placées pour nous ! A mi-distance entre Accrux, l’étoile inférieure de la Croix du Sud… et l’horizon. Alors on peut dire qu’on est à notre latitude. (il rigole) Alors il faudra le vérifier ultérieurement… avec le point Argos mais… euh… Voilà ! Aujourd’hui, on a atteint la latitude ! Alors la nuit est assez belle… il y a un petit vent et on fait cap un peu vers le sud-ouest… pour le moment, à vitesse correcte… 4-5 nœuds… Et voilà ! La mer est assez calme… et le ciel bien étoilé… Man : Mais l’horizon sud n’est pas très très clair malheureusement… Max : Enfin c’est pas mal quand même ! On est à notre latitude aujourd’hui et c’est très bien… Combien de jours il nous reste ? ça maintenant, (il rigole) j’espère qu’il n’y en a pas trop trop ! (son de l’eau qui file) |
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