Que chantes-tu, sinon ton chant, le mien
Le coronavirus a emporté d’immenses musiciens de jazz, Wallace Roney, qui s'était produit à Clermont lors du festival Jazz en tête 2017, ou encore Ellis Marsalis et Manu Dibango, entre autres, mais le souffle de leur musique reste en nous comme celle de John Coltrane dans les vers de Guy Chambelland.
Coltrane
Qu'est-ce que tu dis ?
Les yeux de la mer
les tripes de l'homme
la misère la merveille ?
Qu'est-ce que tu chantes ?
Un désordre l'impossible
ou une raison secrète
comme un grand lactaire roux dans les buissons d'une aube
où Dieu se moque où Dieu n'est pas
où l'homme chaque fois se trouve un plus pauvre
un peu plus déchiré
mais un peu plus lui-même de continuer quand même
Dis que chantes-tu ?
sinon cette monnaie au plus profond du sang
qui nous paye passage au jour que nous vivons
ce grand soleil nocturne où les mains se dégantent
cette femme éblouie qui n'est jamais la même
cette commune marche en le tunnel des âges
Dis, John, que chantes-tu, sinon ton chant, le mien ?
Guy Chambelland, Courtoisie de la fatigue, éditions Le Pont de l’Epée